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Intégration des perspectives sexospécifiques et climatiques dans la recherche pour limiter la résistance aux antimicrobiens

 
Le CRDI, l’International Centre for Antimicrobial Resistance Solutions et le Department of Health and Social Care du Royaume-Uni unissent leurs forces pour contribuer 2,3 millions de dollars américains (3,2 millions de dollars canadiens) à la recherche sur le genre, l’équité et les changements climatiques dans le cadre des efforts visant à atténuer la résistance aux antimicrobiens.
Une femme nourrit des poulets.

À l’aide du CRDI, le Department of Health and Social Care (DHSC), dans le cadre de son Global AMR Innovation Fund (GAMRIF), appuiera l’International Centre for Antimicrobial Resistance Solutions (ICARS) dans le but de financer des projets de délimitation de la portée et de recherche qui sont axés sur les changements climatiques, le genre et l’équité dans le contexte de la résistance aux antimicrobiens (RAM). Grâce au financement du DHSC (1,8 million USD/2,5 millions CAD) et de l’ICARS (500 000 USD/700 000 CAD), le projet se déroulera de juin 2024 à décembre 2026.

Les changements climatiques et les inégalités sociales, y compris les disparités entre les genres, ont des effets documentés qui exacerbent la résistance aux antimicrobiens, en particulier dans les pays à faible et à moyen revenu où le fardeau de la résistance aux médicaments est déjà le plus élevé. Cependant, il existe une lacune mondiale dans la recherche axée sur les solutions afin de mieux comprendre comment inclure les perspectives de genre, d’équité et de climat dans l’atténuation de la RAM. Pour aider à combler cette lacune, l’ICARS collaborera avec le CRDI dans le cadre de deux volets techniques différents, l’un axé sur le genre et l’équité et l’autre, sur les changements climatiques.

« Le CRDI investit dans la recherche sur la résistance aux antimicrobiens, en partenariat avec le DHSC depuis 2019. Les équipes de recherche que nous soutenons dans les pays à faible et à moyen revenu s’efforcent de trouver des solutions à la menace croissante de la résistance aux antimicrobiens et de mettre au point des innovations qui sauvent des vies », a déclaré Federico Burone, vice-président par intérim, Programmes et partenariats du CRDI. « Nous sommes ravis de poursuivre notre collaboration avec des institutions telles que l’ICARS, afin de faire progresser les connaissances et de promouvoir des solutions de rechange novatrices aux antibiotiques couramment utilisés », a-t-il ajouté.

Combler les lacunes de la recherche et élargir les connaissances existantes

Alors que les leaders mondiaux se réunissent pour fixer des objectifs concrets en matière d’atténuation de la résistance aux antimicrobiens en 2024, il est impératif de s’attaquer aux facteurs souvent négligés qui accélèrent la propagation des agents pathogènes résistants aux médicaments.

Au cours des trois prochaines années, l’ICARS intégrera une optique de genre et d’équité, ainsi qu’une optique climatique, dans les projets de recherche sur l’intervention et la mise en œuvre, en s’appuyant sur sa collaboration avec le CRDI. Le projet vise à :

  • piloter le document Practical Pathways sur le genre et l’équité dans quatre projets et à présenter ce travail sur les scènes internationales;
  • élaborer des cartes de points névralgiques des changements climatiques, de l’utilisation d’antimicrobiens et de la RAM;
  • élaborer des ressources documentaires sur l’atténuation de la RAM et des changements climatiques dans les systèmes d’élevage et d’aquaculture.

Les données probantes générées par ces activités éclaireront les politiques futures et existantes en matière d’élaboration de solutions pertinentes, durables et ciblées à la menace toujours croissante de la RAM.

« Il est crucial de s’attaquer aux défis interconnectés des changements climatiques et des inégalités en matière de santé dans le contexte de la RAM, en particulier pour les pays à faible et à moyen revenu qui sont les plus touchés par ces problèmes », a déclaré la professeure Dame Sally Davies, envoyée spéciale du Royaume-Uni pour la RAM. « Ce partenariat passionnant entre l’ICARS, le CRDI et le GAMRIF est un pas important en avant pour combler les lacunes critiques de la recherche en intégrant les perspectives de genre, d’équité et de climat dans les solutions pour atténuer la RAM. »

Pour sa part, Sujith J Chandy, directeur exécutif de l’ICARS, a déclaré ce qui suit : « Parmi les nombreux problèmes auxquels le monde est confronté aujourd’hui, le genre, l’équité et les changements climatiques, il y en a trois qui nécessitent des recherches “sur le terrain” pour mieux comprendre leurs relations avec la RAM et la mesure dans laquelle ces connaissances peuvent aider à concevoir des solutions rentables pour lutter contre la RAM. J’espère sincèrement que ces subventions offriront une excellente occasion de faire avancer ces recherches et ainsi d’avoir un impact positif sur des vies, en particulier dans les régions à ressources limitées. »

Volet 1 : RAM, genre et équité

Le genre et l’équité, et plus généralement la santé et l’équité sociale, sont une priorité reconnue depuis longtemps dans le programme de santé et de développement. Cependant, la recherche accuse toujours un retard en ce qui concerne les facteurs sociaux croisés et la façon dont ils contribuent à l’exposition et aux expériences avec les infections résistantes aux médicaments. Par exemple, le genre et l’équité jouent un rôle dans l’exposition aux risques liés à la RAM dans les établissements de soins de santé et les animaux producteurs de denrées alimentaires en raison des tâches et des activités associées aux rôles traditionnels des femmes, notamment la préparation des aliments, la gestion du bétail et de l’aquaculture et la prestation de soins. Cela peut entraîner une exposition accrue à des agents pathogènes résistants aux traitements et peut aggraver les expériences de maladie et la résistance globale aux médicaments.

Les objectifs de ce volet sont d’intégrer une perspective de genre et d’équité dans l’innovation en matière de RAM, y compris les projets existants de recherche d’intervention et de mise en œuvre de l’ICARS, ainsi que de documenter et de communiquer les apprentissages de la recherche à l’externe afin d’éclairer les projets et les études à venir dans le domaine.

« Il y a une absence mondiale notable d’exemples pratiques sur le terrain de recherche sur la RAM qui intègrent les considérations de genre et d’équité, ce qui entrave notre capacité à adopter les meilleures pratiques dans la mise en œuvre des interventions », a déclaré Erica Westwood, conseillère scientifique principale à l’ICARS. « Ce projet aidera à combler cette lacune critique », a-t-elle noté.

Volet 2 : RAM et changements climatiques

La recherche sur les répercussions des changements climatiques sur la résistance aux antimicrobiens dans les systèmes agroalimentaires est rare. Les changements climatiques menacent la santé des animaux et des humains, en plus d’avoir un impact sur la santé de notre planète. On prévoit que les changements dans les conditions climatiques et environnementales augmenteront la propagation des maladies bactériennes, virales, parasitaires, fongiques et vectorielles. Les pays à faible et à moyen revenu risquent de subir le plus grand fardeau de la résistance aux antimicrobiens et des changements climatiques, tout en hébergeant les industries de l’élevage et de l’aquaculture à la croissance la plus rapide où il y a des niveaux élevés d’utilisation d’antimicrobiens.

Ce volet vise à évaluer les lacunes en matière de connaissances et de mise en œuvre dans les pays à faible et à moyen revenu afin d’atténuer de manière collaborative la résistance aux antimicrobiens et les changements climatiques dans les systèmes d’élevage et d’aquaculture. Il vise également à élaborer des lignes directrices pour intégrer une perspective de changement climatique dans la recherche sur les interventions et la mise en œuvre de la RAM. 

« La communauté d’action qui relèverait de ce volet réunira des spécialistes de toutes les disciplines et soutiendra l’établissement des priorités des mesures qui sont à la fois adaptées au climat et à la RAM pour les exploitations agricoles dans les régions où les ressources sont rares », a déclaré Kristina Osbjer, conseillère scientifique principale à l’ICARS.