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Des résultats sur la violence sexiste numérique alimentent une conférence à Amman

 
Des chercheuses et chercheurs financés par le CRDI ont fait part de leurs connaissances et conclusions lors de la conférence FemParl 2023 Moyen-Orient et Afrique du Nord, organisée par le Canada en février, en Jordanie. Lancée en 2018, FemParl rassemble des politiciennes et des dirigeantes de toute la région et découle de l’engagement du Canada à l’égard de l’égalité et de l’autonomisation des genres et de la conviction que les femmes ont leur place partout où des décisions sont prises.
Un homme et deux femmes panélistes sont assis dans des fauteuils blancs sur scène lors de la conférence FemParl 2023.
Aloula Events
Nadia Al-Sakkaf, chercheuse financée par le CRDI (au centre), avec la sénatrice canadienne Marilou McPhedran (à gauche) et Ali Omari du National Democratic Institute à FemParl 2023 à Amman, en Jordanie.

« En réunissant des politiciennes et des dirigeantes de toute la région pour apprendre les unes des autres, établir des relations de collaboration et discuter avec des experts en la matière du gouvernement, de la société civile et de groupes de réflexion, FemParl vise à galvaniser les efforts pour plaider en faveur de politiques plus inclusives et à ouvrir la voie à un plus grand nombre de femmes pour qu’elles s’engagent en politique et assument des rôles de leadership », a expliqué l’ambassadeur du Canada en Jordanie, Tarik Ali Khan.

La conférence de cette année était axée sur les formes de violence facilitée par la technologie auxquelles sont confrontées les femmes dans la sphère publique. On commence à peine à comprendre le problème et il y a un manque flagrant de recherches statistiquement significatives sur les expériences numériques des femmes dans les pays du Sud. On comprend également mal la façon dont la mésinformation et la désinformation touchent les femmes dans leur vie publique.

Le CRDI appuie des recherches visant à améliorer la compréhension de la violence numérique fondée sur le genre depuis 2016. Nadia Al-Sakkaf a présenté les premiers résultats d’une enquête mondiale financée par le CRDI, en plus d’une recherche régionale sur les répercussions psychosociales de la violence numérique. L’enquête a révélé que les femmes en Jordanie, en Algérie, en Tunisie, en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis sont touchées par la violence numérique à un taux de 77 %, contre 66 % pour les hommes, Facebook étant la plateforme où la majeure partie des violences et du harcèlement se produit.

Mme Al-Sakkaf a également expliqué que les femmes vivent la violence numérique différemment. « Alors que la violence numérique touche tout le monde, la violence sexiste touche davantage les femmes que les hommes, et au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la culture, l’absence de réglementations strictes et le manque de ressources rendent la violence à l’égard des femmes beaucoup plus dévastatrice. Cela doit changer », a déclaré Mme Al-Sakkaf. Elle a parlé d’une Égyptienne qui a subi une chirurgie plastique pour changer son apparence après avoir été victime de chantage de la part de son mari, qui a partagé des vidéos intimes d’elle en ligne (pratique connue sous le nom de distribution non consensuelle d’images intimes). Elle a également parlé d’une militante irakienne qui a dû déménager après qu’un rival politique a divulgué son adresse (pratique appelée doxing), incitant ainsi à des gestes de violence contre elle. Les deux histoires démontrent les impacts hors ligne de la violence en ligne envers les femmes.

Mme Al-Sakkaf collabore avec l’organisation SalamatMENA pour analyser une recherche qualitative financée par la SecDev Foundation, ainsi que des données quantitatives provenant d’une enquête mondiale sur les expériences en ligne dans les pays du Sud portant sur la violence sexiste, soutenue par le CRDI et dirigée par le Centre for International Governance Innovation. L’objectif est que ces données aident les gouvernements, le secteur privé, les plateformes de médias sociaux, la société civile et les acteurs du développement à améliorer la conception de leurs réponses à la violence sexiste facilitée par la technologie au moyen de réglementations, de la création de mouvements sociaux, de l’éducation et de recours juridiques.

Deux autres éminentes chercheuses financées par le CRDI ont également été invitées à prendre la parole à FemParl. Rawan Damen, directrice générale d’Arab Reporters for Investigative Journalism, et Shermeen Sarbast, responsable des communications et des partenariats au Arabi Facts Hub and Open Transformation Lab, ont parlé du trouble de l’information et des travaux expérimentaux visant à lutter contre la désinformation en langue arabe.

La ministre jordanienne du Développement social, Wafa Bani Mustafa, conférencière principale à la conférence, a fait remarquer que « les femmes ne devraient pas faire face à des coûts supplémentaires en raison de leur participation aux affaires publiques ou au travail politique. Un espace électronique sûr doit être fourni aux femmes engagées dans les affaires publiques, dans lequel la société est consciente de l’importance du rôle des femmes en tant que partenaires dans la prise de décision. »