À Nairobi, les résidents de l’établissement de Mukuru subissent en outre des « pénalités de pauvreté », ce qui signifie qu’ils paient trois à quatre fois plus pour des services comme l’électricité que les résidents des quartiers plus aisés, qui jouissent de services supérieurs. Derrière cet écart de prix se cache un réseau informel complexe et hautement commercialisé de structures de pouvoir et de gouvernance. En effet, les propriétaires et les cartels prospèrent en contrôlant l’accès aux produits de base et aux services essentiels, souvent en recourant à la violence ou à l’extorsion.
Chaque année, les quelque 492 000 résidents de Mukuru doivent verser plus de 7 milliards de shillings kényans (près de 91 millions de dollars canadiens) à ces cartels – un quart du budget total du comté de Nairobi. En 2010, la réforme constitutionnelle du Kenya a soulevé l’espoir que se terminent les décennies d’exclusion et d’inaccessibilité à la justice qu’ont subies les pauvres, mais les conditions qui sévissent dans les établissements informels découlent en partie des lacunes qui existent dans les lois et les politiques, ou du fait que ces dernières ne sont pas appliquées.
Le projet financé par le CRDI, Éliminer les pénalités de pauvreté et améliorer le respect des droits dans les établissements informels du Kenya, est fondé sur les efforts de recherche précédents ayant permis de mettre au point des modèles dans les domaines de la législation, des finances et de la planification, et propose des solutions préliminaires pour éliminer les pénalités de pauvreté. Les solutions visent à éliminer les obstacles techniques et les entraves à la gouvernance qui nuisent à la sécurité foncière, ainsi qu’à moderniser et améliorer les services pour offrir des conditions de vie acceptables et des droits fondamentaux aux résidents de Mukuru, dans le comté de Nairobi.
Comme conséquence directe du projet, le 13 mars 2017, le gouvernement du comté de Nairobi a déclaré l’établissement informel de Mukuru comme une zone de planification spéciale. Cette mesure ouvre la voie au réaménagement de l’établissement de Mukuru, ce qui pourrait permettre d’améliorer les conditions de vie de centaines de milliers de résidents ainsi que de garantir le respect de leurs droits fondamentaux. Pour commencer, l’équipe de projet travaillera avec le comté à la mise à l’essai de solutions comme des plans communautaires visant à moderniser les quartiers et des stratégies pour réglementer les questions de propriété.
En utilisant des outils comme la mobilisation de la communauté, le projet a aidé les résidents de Mukuru à utiliser leur pouvoir économique et à faire respecter leurs droits. Par exemple, le projet est parvenu à mettre un terme à l’expulsion forcée de résidents. À Kiandutu, la recherche a appuyé les efforts proactifs du gouvernement du comté visant à aborder les défis associés aux établissements informels. Le travail effectué à Kiandutu vise à enrayer les problèmes avant qu’ils ne surviennent, ce qui pourrait guider les politiques et les pratiques dans d’autres centres périurbains au pays. Dès que les conditions de vie s’amélioreront, les résidents pourront exploiter leur potentiel économique et échapper au cycle actuel d’exclusion et de pauvreté.
Le projet de deux ans a été coordonné par Akiba Mashinani Trust (AMT) et mis en oeuvre en partenariat avec l’Université de Nairobi, l’Université de Strathmore et le Katiba Institute. L’Université de la Californie, à Berkeley, s’est jointe au consortium par la suite en tant que partenaire stratégique.