Aller au contenu principal
 

Yaqueli Portillo, une étudiante en soins infirmiers issue du peuple Matsigenka de la région amazonienne du Pérou, a fait face à d’immenses défis sur le chemin de ses études postsecondaires. Pour se rendre à son université dans la ville de Puerto Maldonado, elle a dû voyager pendant trois jours en descendant une rivière, mais ses difficultés ont commencé bien avant. « Je n’avais pas beaucoup [d’argent] et ma famille n’avait pas beaucoup de moyens », a déclaré Portillo. Elle ne possédait pas non plus une scolarité adéquate pour se préparer à l’université et sa famille et sa culture lui manquent maintenant profondément.

Au refuge de Miraflores, un refuge géré par des Autochtones pour les étudiantes à Puerto Maldonado, la tutrice Maria Chinchiququih a affirmé ce qui suit : « L’éducation est très différente de ce qui est offert dans les communautés… Souvent, elles décrochent… se sentent mal, pensant qu’elles n’ont pas atteint ce niveau d’études.

Portillo reçoit du soutien au refuge et espère obtenir son diplôme. Si c’est le cas, elle rejoindra les 6 % seulement de femmes autochtones péruviennes ayant fait des études supérieures et encore moins les diplômées en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM). À l’échelle mondiale, les femmes ne composent que 35 % des équipes de recherche dans le monde, un chiffre qui n’a pas bougé depuis une décennie. L’ONU qualifie d’alarmante cette disparité persistante entre les genres, d’autant plus que les carrières dans les domaines des STIM sont souvent qualifiées d’emplois de l’avenir, stimulant l’innovation, le bien-être social, la croissance inclusive et le développement durable.

Alors, que peut-on faire pour garantir que nous avons des systèmes scientifiques équitables afin de créer des solutions équitables aux défis mondiaux?

La recherche peut aider. Elle cerne les problèmes, élabore des solutions et éclaire de bonnes politiques publiques, en particulier lorsqu’elle est dirigée par les personnes les plus proches du problème.

Les études sur les obstacles systémiques à la participation des femmes scientifiques ont toujours été fondées sur les pays du Nord. C’est pourquoi le CRDI a collaboré avec Maria Amalia Pesantes de l’Universidad Peruana Cayetano Heredia pour se pencher sur les problèmes auxquels sont confrontées les femmes autochtones du Pérou. Son projet visait à comprendre les problèmes réels auxquels sont confrontées les femmes autochtones intéressées par des carrières dans les STIM et à élaborer des solutions pratiques.

Attirer davantage de femmes dans les domaines et les industries à prédominance masculine a également été une priorité pour les équipes de recherches en Colombie. Paola Vásquez et d’autres chercheuses et chercheurs de l’Universidad Autonoma del Occidente ont découvert que lorsque des femmes faisaient partie d’équipes scientifiques, leurs points de vue et leurs expériences uniques contribuaient à créer de meilleures solutions pour tous, en particulier dans l’agriculture et les industries vertes.  
 
On prévoit que jusqu’à 22 millions de nouveaux emplois verts seront créés d’ici 2030, mais seulement 80 % d’entre eux se trouvent dans des domaines à prédominance masculine comme les STIM. Pour résoudre ce problème, des chercheuses et chercheurs de la Colombie ont mis à l’essai des approches de formation réussies pour les femmes dans le domaine des STIM appliquées. Ils ont constaté qu’une formation sur mesure pour les femmes dans des domaines, tels que les énergies renouvelables et la production de café durable, augmentait la participation des femmes dans ces domaines, ouvrant ainsi la voie à des actions engagées et menées localement. 

Ces projets font partie des quinze projets inclus dans le rapport 2025 du CRDI, Briser les barrières, jeter des ponts : un réseau de recherche dirigé par les pays du Sud pour faire progresser l’égalité des genres dans les STIM. Rempli d’études de cas et d’informations provenant de notre réseau de partenaires de recherche en Amérique latine et en Afrique, le rapport se concentre sur la détermination et l’élimination des obstacles à la participation et au leadership des femmes dans les domaines des STIM. Il examine en particulier les facteurs qui contribuent aux taux élevés d’échec scolaire et de décrochage parmi ces groupes.   

Les conclusions du rapport Briser les barrières contribuent à répondre à l’Appel à l’action de l’UNESCO pour combler l’écart entre les genres dans le domaine de la science, en apportant les perspectives de recherche des pays du Sud à cet important mouvement mondial.

Media
Remote video URL
Image en haut : CRDI / Marco Garro, Panos Pictures