Par : Matt Gergyek
À l’heure actuelle, les changements climatiques constituent l’une des plus grandes menaces pour l’humanité. D’ici la fin du siècle, les températures mondiales moyennes pourraient augmenter d’au moins deux degrés Celsius, selon les résultats d’une importante étude publiés par le Groupe d’experts intergouvernemental OMM/PNUE sur l’évolution du climat. Ce phénomène est largement attribuable à un accroissement dramatique des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, lesquels retiennent la chaleur produite par les activités humaines, comme la combustion des combustibles fossiles, l’agriculture intensive, la déforestation et les déchets. Selon la NASA, advenant une augmentation de la température mondiale moyenne de deux degrés Celsius seulement d’ici 2100, la fonte des glaces entraînerait une hausse du niveau des océans de 0,2 à 2 mètres au cours des 80 prochaines années, provoquant de graves inondations dans les villes côtières de l’Asie, y compris Shanghai et Hong Kong.
On tend à penser que les grandes entreprises contribuent aux changements climatiques plus qu’elles ne se préoccupent des effets qui en découlent, mais c’est le secteur privé qui risque d’en subir les plus grandes conséquences. La hausse du niveau des océans, les vagues de chaleur intense et les phénomènes météorologiques extrêmes représentent d’importantes menaces qui risquent de perturber les chaînes d’approvisionnement et de détruire les plateformes de production et d’expédition. Une étude estime que le coût associé aux changements climatiques atteindra 369 billions de dollars américains d’ici 2200.
Ronald Plett
Le secteur privé doit contribuer à réécrire le scénario en jouant son rôle dans la lutte contre les effets des changements climatiques. À cette fin, le CRDI a établi un partenariat avec Business for Social Responsibility (BSR), une organisation sans but lucratif d’envergure mondiale qui élabore des stratégies commerciales durables avec les entreprises membres, dont General Motors et Microsoft.
« De nos jours, les entreprises [...] n’ont d’autre choix que de faire leur part, affirme David Wei, directeur, Climat pour BSR, dans un balado présenté par le CRDI. En raison des risques matériels que posent les changements climatiques, les entreprises devront être résilientes à ces changements pour connaître du succès dans l’avenir. » Selon M. Wei, la résilience climatique se définit par la capacité et la faculté d’adaptation que le secteur privé doit acquérir pour absorber les stress découlant des changements climatiques, non seulement pour le bien des activités du secteur, mais également pour le bien de tous.
Le rôle des pays en développement dans l’apparition des changements climatiques a toujours été très limité, mais ce sont pourtant eux qui sont les plus menacés. M. Wei précise que bon nombre de ces pays manquent de fonds publics pour augmenter leur résilience aux changements climatiques, puisque leur priorité est d’offrir des services de base. « Il est inutile de renforcer les murs de votre usine si la route est impraticable et empêche les travailleurs d’accéder au bâtiment, explique-t-il. La résilience de la communauté soutiendra la résilience des entreprises. » Le projet de BSR soutenu par le CRDI vise à explorer des moyens de tirer profit du financement du secteur privé pour intensifier les efforts d’adaptation dans les pays en développement en réalisant des évaluations des politiques nationales au Bangladesh, en Indonésie, en Malaisie, au Mozambique, en Afrique du Sud et en Thaïlande.
Un rapport rendu public par BSR et le Carbon Disclosure Project (Projet de divulgation des émissions carbone) révèle que près des trois quarts des 75 chaînes d’approvisionnement analysées croient que les changements climatiques pourraient avoir des effets significatifs sur leurs activités commerciales, ce qui laisse croire que le secteur privé est bien au fait du risque réel associé aux changements climatiques. Cependant, seulement la moitié d’entre elles s’affairaient à réduire ce risque, ce qui démontre une lacune entre la théorie et l’action. « Certains croient que la résilience climatique est un bien public et que le secteur privé n’a donc aucun rôle à jouer à cet égard », ajoute M. Wei. Ce projet vise à combattre cette perception.
« La responsabilité sociale des entreprises s’élargit, indique M. Wei, et il existe clairement une occasion d’inciter les entreprises à accroître la résilience climatique. L’impact potentiel [...] est nécessaire pour bâtir le monde juste et durable au sein duquel nous voulons vivre. »
Écoutez l'entrevue avec David Wei sur Climate Change Talks.