Un nouveau projet de recherche sur la prévention du VIH chez les personnes qui sont dans « l’incapacité de choisir » – des groupes vulnérables, qui sont moins aptes à prendre les mesures nécessaires pour se protéger – a conduit à la réalisation d’un essai national novateur de prévention du VIH au Botswana.
Trois années de recherche en Afrique australe ont révélé des indicateurs importants de prévention de l’infection par le VIH chez les personnes qui sont dans l’incapacité de choisir pour se protéger, même si elles possèdent les connaissances nécessaires pour le faire.
Lutter contre la propagation du VIH
En Afrique subsaharienne, où le taux d’infection par le VIH s’élève à 33%, les mesures de prévention sont essentielles à la lutte contre l’épidémie de VIH. Cependant, en général, les stratégies de prévention s’adressent et sont plus accessibles aux personnes qui sont aptes à agir de façon préventive et aux personnes qui ont accès aux services lorsqu’elles en ont besoin.
Selon une enquête menée par le CIET Trust auprès de jeunes de 15 à 29 ans au Botswana, en Namibie et au Swaziland, les personnes pauvres, peu instruites, faisant partie d’un couple où il y a disparité de revenus et les personnes victimes de violence conjugale sont plus susceptibles d’être infectées par le VIH. Ces facteurs limitent le choix et augmentent la probabilité d’infection par le VIH. Il s’agit de désavantages structurels, sur lesquels la personne n’a pas de contrôle. Selon une recherche financée par le CRDI, le risque de transmission du VIH augmente en fonction du nombre de facteurs structurels présents.
Diminution des cas chez les jeunes femmes
Dans un essai contrôlé randomisé de prévention du VIH, des chercheurs ont tenté d’adapter les efforts de prévention du VIH dans le but d’augmenter leur efficacité chez les personnes qui sont dans l’incapacité de choisir, et, de ce fait, de réduire les effets de ces désavantages structurels. Au moyen d’une pièce radiophonique traitant de la violence conjugale et du VIH, et d’ateliers visant à renforcer l’autonomie des jeunes femmes, les chercheurs ont aidé de jeunes femmes à commencer à faire des choix et ont créé un environnement communautaire propice à cet apprentissage. Ils ont également sensibilisé les services locaux aux besoins des personnes qui sont dans l’incapacité de choisir, en particulier les jeunes femmes. Un projet de recherche connexe, également financé par le CRDI, a fourni de la formation dans le but de renforcer les capacités des jeunes chercheurs et décideurs africains en ce qui concerne les aspects socioculturels du VIH, les méthodes épidémiologiques et la planification fondée sur des données probantes.

C’est chez les jeunes femmes du Botswana que les interventions réalisées dans le cadre des essais ont eu le plus d’impact. À la fin du projet de trois ans, 22% des jeunes femmes des collectivités témoins au Botswana étaient séropositives, comparativement à seulement 11% de celles des collectivités qui ont bénéficié des interventions.
Des idées fausses dangereuses peuvent conduire à des comportements à risque élevé
L’étude de base menée au Botswana, en Namibie et au Swaziland s’est penchée sur des croyances répandues entourant la circoncision et la prévention du VIH. Ce sujet intéressait le CRDI, considérant l’action concertée de donateurs en faveur de la circoncision masculine volontaire comme moyen de protéger les hommes contre la transmission de l’infection par le VIH.
L’incidence de la circoncision sur les taux de VIH dans le reste de la population n’est peut-être pas aussi simple qu’un grand nombre de donateurs le croient. L’étude a révélé des exemples d’idées fausses qui entourent la circoncision, notamment l’idée selon laquelle elle peut empêcher un homme porteur du VIH de transmettre l’infection. Cette idée fausse est dangereuse, car elle peut conduire à des comportements à risque élevé. Les chercheurs ont conclu qu’il faut renforcer les efforts pour informer les gens que la circoncision n’assure pas une protection complète aux hommes et qu’elle n’empêche pas les femmes de contracter le VIH à la suite d’un rapport sexuel avec un homme déjà infecté.
Mise en oeuvre nationale
Une grande partie du travail effectué sur le VIH à ce jour conçoit l’infection par le VIH comme un problème médical nécessitant une solution clinique, mais les facteurs structurels sont également responsables de la propagation de l’épidémie. La mise en œuvre d’interventions qui tiennent compte de ces facteurs et l’évaluation de l’incidence de ces interventions sur l’infection par le VIH sont essentielles à l’éradication de l’épidémie.
Au Botswana, les résultats de la recherche du CIET Trust ont amené le gouvernement à s’engager à rendre plus accessibles les programmes nationaux de lutte contre la pauvreté pour les jeunes femmes à haut risque de contracter le VIH. Le CRDI continue d’investir dans les efforts du Botswana en finançant un essai clinique contrôlé randomisé par grappes dans le cadre de cette stratégie, à la suite de la visite, effectuée en 2013, de l’ancien gouverneur général du Canada, Son Excellence le très honorable David Johnston, et du président du CRDI, Jean Lebel.
En recentrant ses programmes de soutien vers les personnes qui sont dans l’incapacité de choisir, le gouvernement du Botswana place l’humain au coeur de l’épidémie du VIH et de ses efforts de prévention.