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Semer l'avenir

Dans le monde d’aujourd’hui, les chaînes d’approvisionnement alimentaire sont de plus en plus menacées. 

Des catastrophes naturelles plus fréquentes et plus intenses ainsi que des maladies, des conflits, des inégalités croissantes et des crises économiques rendent la production alimentaire difficile.

Les communautés vulnérables qui dépendent de l’agriculture et de la pêche sont particulièrement touchées, car elles sont confrontées à des conditions de croissance plus difficiles, à des pertes de récoltes, à une augmentation des coûts, ainsi qu’aux tensions financières qui en découlent. 

Le CRDI soutient la recherche dans le monde entier afin de relever ces défis grâce à la collaboration des chercheuses et chercheurs avec les organisations et les communautés locales. Ensemble, nous mettons en place des systèmes alimentaires plus résilients et abordables, capables de résister aux chocs.

Des recherches novatrices menées au Brésil, au Kenya et en Malaisie illustrent comment les communautés transforment leur mode de production alimentaire, et ce, tout en protégeant les écosystèmes dont dépendent les populations et les économies.

 

Un régime d’assurance-récolte adapté aux changements climatiques permet aux petites exploitations agricoles du Kenya de prospérer

Dans le comté de Machakos, au Kenya, où les petites exploitations agricoles comme celle d’Elizabeth Musembi doivent lutter sans relâche contre des conditions météorologiques imprévisibles, une avancée dans le domaine de l’assurance-récolte adapté aux changements climatiques est devenue une lueur d’espoir.

Elizabeth Musembi et la plupart des membres de sa communauté sont des agricultrices et des agriculteurs de subsistance qui cultivent des produits comme le maïs, le sorgho et le niébé sur de petites parcelles de terre. Ces personnes ont toutes fait l’expérience directe des effets dévastateurs de la sécheresse et du manque de fiabilité des précipitations dans cette région semi-aride où l’assèchement des rivières et l’érosion des sols font de l’agriculture un mode de vie précaire.

L’assurance-récolte constitue un moyen de renforcer la sécurité des petites exploitations agricoles. Mais les régimes d’assurance antérieurs, mal adaptés, n’ont toutefois pas permis à la communauté d’Elizabeth Musembi, comme à beaucoup d’autres, de s’en sortir. Les agricultrices et agriculteurs ont payé des primes, mais n’ont reçu aucune compensation lorsque la sécheresse a détruit leurs récoltes, ce qui les a désillusionnés et leur a donné le sentiment d’avoir été exploités.

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John Poi Namanjelie et sa femme dans leur ferme près de Bungoma, dans l'ouest du Kenya.
Georgina Smith

Des essais d’assurance-récolte basée sur l’image ont changé la donne. Des agricultrices et agriculteurs comme Elizabeth Musembi ont commencé à utiliser de simples images de téléphone portable pour documenter leurs cultures, ce qui a permis à la compagnie d’assurance de vérifier les pertes de manière efficace et transparente. Ce système permet aux agricultrices et agriculteurs, ainsi qu’aux assureurs de suivre l’évolution des cultures tout au long de la saison dans le cadre d’un processus non seulement accessible, mais également fiable. Cela apporte un filet de sécurité indispensable aux petites exploitations agricoles.

La recherche soutenue par le fonds Cultiver l’avenir de l’Afrique, un programme conjoint du CRDI et de l’Australian Centre for International Agricultural Research, a donné la priorité aux femmes comme Elizabeth Musembi pour défendre le nouveau système de régime d’assurance, en recrutant plus de femmes que d’hommes. Elizabeth Musembi est elle-même devenue l’une des meilleures vendeuses de polices d’assurance, acquérant de précieuses compétences numériques et touchant même des commissions et des primes. 

Elizabeth Musembi a indiqué que sa participation au projet avait changé sa vie.

Les incitations à la participation des agricultrices et agriculteurs étaient vraiment favorables et, maintenant que le projet est achevé, je peux toujours sentir la différence.

Elizabeth Musembi

Il en va de même pour de nombreux autres agricultrices et agriculteurs. Des personnes championnes comme Elizabeth Musembi ont touché plus de 36 000 agricultrices et agriculteurs (dont 61 % de femmes). Le programme a fourni quelque 8 500 polices d’assurance, ce qui a permis des milliers d’indemnisations rapides à la suite de sécheresses et d’inondations. 

« Au lieu de perdre toute la saison de croissance, les agricultrices et agriculteurs ont réinvesti dans les semences et les engrais », a souligné Elizabeth Musembi. « En ce sens, le programme d’assurance les a aidés à devenir autonomes ». 

Les retombées du projet vont bien au-delà de la couverture d’assurance. Parallèlement à l’assurance, les agricultrices et agriculteurs ont été initiés à des pratiques agricoles adaptées aux changements climatiques, comme la plantation de cultures résilientes à la sécheresse et l’amélioration des systèmes d’irrigation. 

Grâce au succès de cet effort novateur, la communauté d’Elizabeth Musembi a davantage confiance dans la protection que peut offrir l’assurance et dans l’avenir. Les essais ont montré qu’avec les outils et le soutien appropriés, les petites exploitations agricoles peuvent préserver leurs moyens de subsistance et mieux faire face à certains des défis posés par les changements climatiques.

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L’agro-industrie qui restaure la nature et les communautés en Amazonie

Les feux de forêt et l’exploitation forestière et minière illégale menacent la forêt permanente et les moyens de subsistance des communautés traditionnelles de la région de Calha Norte, en Amazonie brésilienne. Les familles autochtones, quilombolas (afro-brésiliennes) et riveraines vivant dans de petits villages isolés dépendent principalement de la collecte durable de produits forestiers et de l’agriculture familiale pour leurs revenus et leurs moyens de subsistance. 

Un réseau de fournisseures et fournisseurs autochtones, dont 40 % de femmes, collecte des produits forestiers non ligneux, notamment des noix du Brésil, et cultive du poivre. Leur coopérative – la Cooperativa Mista dos Povos e Comunidades Tradicionais da Calha Norte (COOPAFLORA, Coopérative mixte des peuples et communautés traditionnels de Calha Norte) – vend les récoltes à de grandes entreprises et produit des huiles destinées à la vente directe aux consommatrices et consommateurs.

COOPAFLORA œuvre à la préservation de la forêt amazonienne et au renforcement de sa bioéconomie en soutenant la collecte plus durable de produits récoltés sans abattage d’arbres et de manière à permettre ainsi à la région de résister aux chocs.

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Un agriculteur tient une noix de coco devant la caméra.
ASSOAB/Bruno Kelly

« Les membres de la coopérative peuvent obtenir des rendements beaucoup plus élevés sur les produits cultivés [et collectés] dans nos communautés, ce qui a amélioré notre niveau de vie », a indiqué la présidente de la coopérative, Daiana Figueiredo da Silva. « Les logements se sont améliorés, les repas sont plus nutritifs et les familles locales bénéficient ainsi d’une meilleure qualité de vie. »

COOPAFLORA constitue un exemple d’agro-industrie régénératrice. Ce genre  d’entreprise introduit la diversité des cultures et améliore ainsi la santé des sols et la gestion de l’eau sans utiliser de produits chimiques. Elle fait la promotion des méthodes de récolte et d’agriculture qui non seulement évitent de nuire à l’environnement, mais le restaurent. Les communautés sont également rétablies dans le cadre du processus, par exemple au moyen d’initiatives visant à promouvoir l’égalité des genres. 

COOPAFLORA représente bien plus qu’une simple coopérative; il s’agit aussi d’une force motrice qui nous donne du pouvoir et nous remplit d’espoir pour un avenir durable et prospère.

Daiana Figueiredo da Silva

Le CRDI soutient le mouvement en faveur de l’agro-industrie régénératrice dans le cadre d’une vaste initiative dirigée par la Fundación Avina et visant à mieux comprendre les besoins et les répercussions du mouvement. Les données et les enseignements recueillis contribuent à créer une communauté d’entreprises régénératives, d’investisseurs et d’intermédiaires et à éclairer les réponses politiques en faveur de ces dernières.

L’une des parties prenantes clés de l’initiative de recherche est NESsT, une organisation mondiale d’investissements porteurs d’impact qui soutient les entreprises sociales dans les marchés émergents. NESsT a joué un rôle clé en aidant des entreprises comme COOPAFLORA à se développer grâce à un accompagnement en matière de planification organisationnelle, de gouvernance et de mesure des répercussions. L’organisation a également facilité l’accès au soutien financier, permettant ainsi à ces entreprises de se développer et de prospérer.

Comme l’a expliqué Cairo Milhomem Bastos, gestionnaire de programme à NESsT, « les pratiques ancestrales de gestion des forêts sont comme un trésor grâce auquel les communautés traditionnelles d’Amazonie peuvent démontrer à la société dans son ensemble que le développement inclusif – en harmonie avec la nature et en valorisant le travail des femmes – est viable ». 

Les exploitations de production de fruits de mer de Malaisie expérimentent des systèmes d’élevage prometteurs

Dans la petite communauté de pêche de Kampung Telok, sure la côte ouest de la Malaisie péninsulaire, les personnes vivant de la pêche sont confrontées à l’augmentation de la température de la mer et à la pollution de l’eau. Des conditions météorologiques imprévisibles ont remplacé les distinctions autrefois claires entre la saison chaude ainsi que la saison des pluies. En 2024, des proliférations d’algues nuisibles émergent pour la première fois, libérant des toxines dans l’eau et menaçant des élevages de poissons et de fruits de mer déjà en difficulté. 

Afin de renforcer la résilience de l’approvisionnement alimentaire et des personnes à risque, les exploitations agricoles et de pêche de Kampung Telok contribueront à mettre à l’essai une innovation dans le cadre d’une recherche menée par l’Universiti Putra Malaysia. Les sites pilotes intégreront les algues dans les systèmes agricoles afin de lutter contre la contamination de l’eau, d’améliorer la productivité et de lutter ainsi naturellement contre les maladies, réduisant ainsi le besoin d’antibiotiques. Cette approche imite les écosystèmes naturels en élevant ensemble de multiples espèces, comme des crabes, des moules et des algues. Les déchets produits par une espèce servent ainsi de nutriments à une autre, créant ainsi un système aquacole plus efficace et plus respectueux de l’environnement. Non seulement cela améliore-t-il la santé des exploitations agricoles, mais cela contribue également à protéger l’écosystème local en réduisant la pollution et en renforçant la durabilité.

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Une femme défend les bassins d'élevage de poissons et fruits de mer
CRDI/Rebecca McMillan

La recherche fait partie du programme AQUADAPT, une initiative soutenue par le gouvernment du Canada et le CRDI pour aider les communautés côtières de l’Asie du Sud-Est et de la région du Pacifique à s’adapter au changement climatique en utilisant des solutions innovantes fondées sur la nature.

« Le site pilote pourrait servir d’exemple à d’autres sites en Malaisie ainsi que dans d’autres pays d’Asie du Sud-Est », a indiqué Natrah Ikhsan, professeure au Département d’aquaculture de l’Universiti Putra Malaysia, qui est à l’origine de cette initiative.

Un élément clé de cet ensemble d’innovations est la formation à l’égard du développement de produits à base d’algues pour les femmes du village. Des coopératives de femmes sont mises en place afin de garantir des revenus stables et de renforcer la sécurité économique face aux changements climatiques.

Nous voulons développer des compétences utiles pour les femmes, et ce, afin qu’elles puissent bénéficier d’une plus grande stabilité de revenus.

Natrah Ikhsan, professeure au Département d’aquaculture de l’Universiti Putra Malaysia

L’aquaculture constitue le secteur alimentaire qui connaît la plus forte croissance à l’échelle mondiale et la majeure partie de la production alimentaire aquatique est concentrée en Asie. Si les innovations de Teluk Kemang s’avèrent efficaces, elles peuvent également renforcer la contribution de l’aquaculture à la sécurité alimentaire et aux revenus sans exacerber les effets des changements climatiques, la dégradation de l’environnement et les inégalités sociales.

Un système alimentaire plus résilient

Alors que le monde est confronté à des chocs environnementaux, sociaux et économiques de plus en plus importants, la recherche innovante peut aussi montrer la voie à suivre. En soutenant les communautés grâce à des innovations fondées sur des données probantes, pratiques et plus durables, les organisations locales jettent ainsi les bases d’un système alimentaire mondial plus résilient.

Mais la véritable preuve du succès réside néanmoins dans l’expérience des personnes sur le terrain. Qu’il s’agisse d’une agricultrice du Kenya protégeant ses cultures de la sécheresse, d’une femme en Amazonie restaurant la biodiversité ou d’une exploitation de fruits de mer en Malaisie préservant la santé des océans, ces personnes championnes et les équipes de recherche qui les soutiennent sèment l’avenir pour toutes et pour tous.

Découvrez la campagne du CRDI #SemerLAvenir.

Image du haut : CRDI / Sven Torfinn, Diapositive 1: Georgina Smith, Diapositive 2: ABEX/NESsT, Diapositive 3: Maya Liyana Hamzah/Universiti Putra Malaysia